Jean-Christophe Klotz
Après le Rwanda, j'ai intégré mes états d'âme, je ne suis plus journaliste. C'est un très beau métier, mais j'avais besoin de plus : de prendre la parole, de m'exprimer. Je ne pouvais plus être objectif et neutre, je ne pouvais pas être témoin d'un génocide.
Né dans une famille de cinéastes, Jean-Christophe Klotz grandit avec cette phrase de son père, monteur : il faut avoir quelque chose à dire pour faire du cinéma.
Sa carrière commence par le journalisme - il signe plusieurs enquêtes de fond pour des agences de presse, dont Capa. En 1994, il est l'un des rares reporters d'images présents au Rwanda pendant la guerre et s'y rend au départ en parfait "soldat de l'information". Mais au contact de cette réalité, au centre de ses documentaires Retour à Kigali, une affaire française (2019), Kigali, des images contre un massacre (2006) comme de sa première fiction, Lignes de front (2009), naît chez lui la nécessite "d'intégrer ses états d'âme" à son travail d'images, en construisant le point de vue subjectif et assumé d'un réalisateur.
Crédit photo : © Sophie Dulac Distribution
parcours
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Il y avait tellement de morts... C'était quelque chose qui m'a frappé, et évidemment renvoyé, plus ou moins consciemment, à l'Holocauste, à mon grand-père qui avait été déporté.
Crédit photo : © Bac films
Crédit photo : © Baruch Rafic
Crédit photo : © Baruch Rafic
violence / conflit
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On a des corps à moitié desséchés, bouffés par les chiens, il faut les filmer ces corps. On s'accroupit, on cherche un angle... Un infirmier me voit en train de faire ça, entre ses dents j'entends "Charognard !" Et là, qu'est-ce que je fais ?
Crédit photo : © Sophie Dulac Distribution
Crédit photo : © France 3
Crédit photo : © Sophie Dulac Distribution
s'engager
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Après le Rwanda, j'ai intégré mes états d'âme, je ne suis plus journaliste. C'est un très beau métier, mais j'avais besoin de plus : de prendre la parole, de m'exprimer. Je ne pouvais plus être objectif et neutre, je ne pouvais pas être témoin d'un génocide.
Crédit photo : © festival de Valenciennes
Crédit photo : © Baruch Rafic
Crédit photo : © Sophie Dulac Distribution
changer le monde ?
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On ne surmonte pas, on intègre. Le Rwanda est une cicatrice, une blessure qui, à un moment, cicatrise plus ou moins bien. Je considère que ça fait partie de ma vie et que, c'est curieux de dire ça, c'est enrichissant.
Crédit photo : © France 3
Crédit photo : © Baruch Rafic
Raconter le 11 septembre en partant de 1979, 22 ans avant les attentats, est une manière de remettre de la cohérence. Mettre bout à bout, dans le bon sens, les informations qui existent, c'est déjà commencer à sortir de la sidération.
violence / conflit
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Crédit photo : © ARTE
Crédit photo : © ARTE
Ce qui me gêne, c'est, s'il y a un point de vue d'auteur, qu'il soit masqué. Je trouve ça dangereux. Il ne faut pas que le spectateur soit dupé, il faut qu'il sache que c'est quelqu'un qui lui parle.
nouvelles technologies
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Crédit photo : © Gilles Kneusé
Crédit photo : © Baruch Rafic
La moitié de l'humanité vit avec moins de 2 dollars par jour. L'idée d'Alterdoc était de mettre des visages sur cette statistique - on appelait ça "la face cachée de la terre".
violence / conflit
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Crédit photo : © France 3
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